Les libéraux misent tout sur leur campagne contre... Donald Trump

C’est la semaine de retraite pour deux des trois principaux partis politiques du Canada. Le cabinet libéral est retranché à Montréal et parle de logement, du coût de la vie et de Donald Trump. Le caucus du NPD s’est réuni à Edmonton pour élaborer une stratégie sur la manière d’intégrer ses propres priorités dans le prochain budget libéral du printemps.

Et les conservateurs? Ils se situent tout simplement en tête des sondages, à la consternation de leurs rivaux qui regardent vers les élections de 2025 avec très peu d’options pour inverser la tendance.

Le dernier sondage Angus Reid montre l’existence de deux électorats. Le coup de sonde a révélé que 62 pour cent des partisans conservateurs ont déclaré qu’ils étaient plus susceptibles de voter conservateur parce qu’ils soutiennent le chef Pierre Poilievre et la vision du parti, plutôt que de vouloir empêcher l’élection d’un nouveau gouvernement Trudeau. En revanche, 63 pour cent des partisans libéraux ont déclaré qu’ils voteraient libéral pour empêcher les conservateurs de gagner, plutôt que parce qu’ils soutiennent Trudeau et les politiques de son gouvernement.

Cela s’annonce comme un combat entre l’espoir et la peur – et cela signifie des stratégies très différentes pour les trois partis.

Jusqu’à récemment, c’étaient les conservateurs qui jouaient le facteur peur – ou plus précisément le facteur peur et dégoût – contre Trudeau. Maintenant, ils sont passés à la colonne espoir et sympathie. Le chef Pierre Poilievre a laissé tomber ses lunettes et son épouse Anaida s’est lancée dans une offensive de charme au Québec. Les conservateurs font tout leur possible pour se présenter comme des «gens comme vous», en contraste flagrant avec un premier ministre perçu comme complètement déconnecté de la réalité.

Ils mettent également beaucoup d’idées de l’avant, même si la plupart d’entre elles n’en sont encore qu’au stade de simples extraits sonores – supprimer les impôts, rapporter de plus gros chèques de paie à la maison, etc. Et ils recrutent des candidats vedettes, comme le député provincial de la Colombie-Britannique Ellis Ross, ancien ministre du Développement du gaz naturel et du Logement et ancien chef de la nation Haisla.

Les libéraux de leur côté ont très peu de cartes à jouer. Leur étoile ne brille pas exactement, avec dix députés qui ne se représentent pas et d’autres qui devraient se retirer cette année. En ce moment même, les libéraux du Québec courtisent le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et selon les rumeurs il ne dirait pas non.

Mais la plus grande préoccupation, comme le souligne David Coletto, PDG d’Abacus, dans un récent article de Substack, est que la plupart des Canadiens pensent que le pays va dans la mauvaise direction et souhaitent un changement. Une majorité d’électeurs pensent que Trudeau se concentre sur les mauvaises priorités et «ne comprend pas à quoi ressemble la vie de gens comme vous».

C’est ici qu’entre en jeu le facteur de peur, c’est-à-dire le probable candidat républicain américain Donald Trump. Ce n’est pas un hasard si le cabinet libéral consacre une journée entière à discuter de la prochaine élection présidentielle américaine, prévue en novembre prochain. Après avoir parlé pendant cinq minutes de Joe Biden, ils discuteront stratégie – à savoir comment dépeindre Poilievre comme le Trump du Nord. Cette stratégie ne fonctionnera peut-être pas, mais un autre argument pourrait avoir plus de poids: le libéral Trudeau comme repoussoir pour Trump, contre le populiste Poilievre qui pourrait être moins susceptible de le défier et de défendre le Canada.

Tout cela crée des problèmes pour le NPD. Le facteur peur ferait mieux de s’estomper, car si ce n’est pas le cas, le parti pourrait perdre gros. Le sondage Angus Reid cité précédemment révèle que 36 pour cent des partisans du NPD voteraient probablement pour les libéraux et que 30 pour cent additionnels envisageraient de le faire si le PCC était sur la voie vers la victoire. Au Québec, 26 pour cent des électeurs du Bloc estiment que ce changement d’allégeance est probable, et 19 pour cent estiment qu’il est possible.

Dans ce scénario, la part des voix des libéraux s’élèverait à 34 pour cent, toujours derrière les conservateurs de sept points. Il faudrait un autre électeur non conservateur et non libéral sur trois qui déclarerait qu’il est «possible» qu’il change d’allégeance pour mettre les deux partis à égalité – le seul scénario possible dans lequel les libéraux ont une chance de demeurer au pouvoir.

Le facteur peur est-il suffisant pour que cela se produise? C’est loin d’être possible, mais si l’on tient compte des faux pas du côté conservateur, c’est à peu près la seule chance dont disposent les libéraux. Alors préparez-vous à des images de Trump se transformant en Poilievre sur un média social près de chez vous – et à une mauvaise année politique.

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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