Seule la vanité de Justin Trudeau maintient en vie la taxe sur le carbone

À l’heure actuelle, le verdict est quasi unanime: la taxe fédérale sur le carbone est une farce. L’exemption pour le mazout dans le Canada atlantique discrédite l’ensemble du projet: face à une baisse de popularité dans l’Est, le premier ministre Justin Trudeau a cligné des yeux et a choisi les votes plutôt que la vertu. Les répliques du reste du pays ne se sont pas fait attendre: Qu’en est-il du propane? Et du gaz naturel? Qu’en est-il de tous ceux qui chauffent leur maison à l’est de la frontière Québec-Nouveau-Brunswick?Et maintenant, qu’en est-il des agriculteurs? Ils utilisent beaucoup de gaz naturel et de propane pour l’irrigation, le séchage des céréales, la préparation des aliments, ainsi que le chauffage et la climatisation des granges et des serres. Ils bénéficient déjà d’une exonération fiscale s’ils utilisent de l’essence et du diesel pour ces tâches. D’où le projet de loi C-234, un projet de loi d’initiative parlementaire présenté par le député conservateur Ben Lobb, qui uniformiserait les règles du jeu en exemptant tous les agriculteurs de la taxe sur le carbone, quel que soit le type de carburant consommé.Le projet de loi C-234 a été adopté par la Chambre des communes en mars, principalement grâce au soutien de l'opposition, et a été transmis au Sénat, où il a passé la première et la deuxième lecture au début du mois. Puis hier, bam! il est resté bloqué en troisième lecture, le dernier obstacle auquel il est confronté avant d’obtenir la sanction royale et de devenir loi, tout cela grâce à un tour de passe-passe procédural de la part de quelques sénateurs soi-disant «indépendants».Premièrement, la sénatrice Lucie Moncion a déposé un amendement visant à supprimer la prolongation potentielle des exonérations fiscales au-delà d'une période déterminée. Cet amendement reflétait celui que le Sénat avait déjà rejeté plus tôt dans la semaine, et est intervenu quelques jours seulement après que les sénateurs eurent rejeté un rapport de comité recommandant de supprimer du projet de loi tout ce qui n’a pas trait au séchage des céréales. Peu de temps après que Moncion eut déposé son amendement, la sénatrice Bernadette Clement a proposé la fermeture du débat, ajournant la question jusqu'au 21 novembre, malgré le fait que les sénateurs étaient déjà prêts à débattre du changement.C’est irrecevable, et les sénateurs conservateurs Don Plett et Leo Housakos ont crié au scandale, mais en vain. Le chef conservateur Pierre Poilievre a ensuite repris le flambeau à la Chambre des communes, appelant à une «campagne de pression massive» pour pousser les libéraux au pouvoir à aider à adopter le projet de loi qui est soutenu par des groupes tels que les Producteurs de grains du Canada et le Conseil canadien du porc.Mais cela est peu probable: le premier ministre et le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault ont tous deux écarté toute future exclusion. «Tant que je serai ministre de l’Environnement, il n’y aura plus d’exemptions à la tarification du carbone», a déclaré Guilbeault la semaine dernière. (Hmm. Si le projet de loi C-234 est adopté, Guilbeault fera-t-il comme Sheila Copps pour la TPS et démissionnera-t-il?)L’hypocrisie est exaspérante. Ce gouvernement n’hésite pas à interpeller les PDG des épiceries au sujet des prix alimentaires élevés, mais lorsqu’il s’agit de prendre des mesures concrètes – comme réduire les coûts supportés par les agriculteurs pour produire de la nourriture –, on n’entend que les criquets. En effet, cela créerait un nouveau trou dans leur précieuse taxe sur le carbone, et ils savent que si la taxe sur le carbone s’effondre, elle emporte avec elle l’ensemble de l’entreprise. Et très probablement, le leadership de Trudeau.La fin de cette politique phare est le symptôme d’un plus grand malaise: l’effondrement de la popularité des libéraux, et plus particulièrement de celle du premier ministre, alors que son programme de vertu fait face à une conjoncture économique difficile et à l’échec des politiques wokes. Les Canadiens qui ont du mal à payer leur loyer n’ont pas d’argent pour payer des taxes supplémentaires et n’ont aucun intérêt à se faire sermonner. Ils n’apprécient pas non plus l’approche politique nationale consistant à diviser pour régner, selon laquelle une région ou un secteur bénéficie d’un traitement préférentiel et les autres sont littéralement laissés pour compte.Au lieu de cela, l’intransigeance de Trudeau sur la taxe sur le carbone en dit long sur les priorités de son gouvernement: il ne s’agit pas d’appliquer un traitement égal aux agriculteurs ou d’aider les Canadiens lorsqu’ils en ont le plus besoin, mais de s’accrocher à un projet phare. Sans cette taxe, il n’aura pas réussi à laisser une marque durable dans l’avenir du pays. En d’autres termes, tout tourne autour de lui.Prédiction: si la taxe sur le carbone meurt, Trudeau ne se présentera pas aux prochaines élections. Si ce vote est un référendum sur son leadership, il ne mènera pas une campagne où il n’a aucun leadership à présenter.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Only Justin Trudeau's vanity keeps carbon tax limping along