Trudeau introduit un régime d’assurance-médicaments de piètre qualité pour rester au pouvoir

Le régime d’assurance-médicaments est-il voué à l’échec? La semaine dernière, le Québec a annoncé qu’il n’adhérerait pas au projet libéral-néo-démocrate d’établir un programme national d’assurance-médicaments. Cette semaine, c’était au tour de l’Alberta. La ministre de la Santé, Adriana LaGrange, a fustigé le manque de consultation provinciale et accusé le gouvernement fédéral d’outrepasser ses compétences.

«Nous n’allons pas permettre à Ottawa de choisir quelle couverture devrait être offerte aux Albertains en fonction de questions qu’ils trouvent politiquement acceptables.» Au lieu de recevoir des ordres d’Ottawa, l’Alberta va prendre l’argent. «Donnez-nous les fonds», a déclaré LaGrange. «Permettez-nous d’améliorer les programmes dont nous disposons actuellement, plutôt que de créer davantage de bureaucratie.»

En réponse, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a attaqué le premier ministre du Québec, François Legault, et la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. «Je ne suis pas surpris par les gouvernements conservateurs qui ont réduit les investissements dans le domaine des soins de santé. Ce sont les mêmes premiers ministres qui, lorsqu’on regarde leur province, ont fait des coupes massives qui ont nui aux travailleurs et aux patients.»

Ah, le mot en C. Qu’importe que le gouvernement Legault ne s’identifie pas comme ça: il s’agit d’un prétexte commode pour attaquer l’idéologie, et par extension, les conservateurs fédéraux aussi. Singh est impatient de savourer sa «victoire» en matière d’assurance-médicaments et de positionner le NPD comme la véritable alternative aux conservateurs. Et comme il a autant de chances de remporter des sièges au Québec qu’en Alberta, dénigrer ces deux gouvernements est une stratégie à faible risque.

Mais le NPD n’est pas le seul à faire de la politique sur le dos de cet accord. Les libéraux en font également, à commencer par le choix des contraceptifs et des médicaments contre le diabète comme premiers médicaments à être couverts.

La contraception est un article relativement peu coûteux pour le gouvernement fédéral: elle est déjà entièrement couverte en Colombie-Britannique et au Manitoba, et en partie couverte en Ontario. La plupart des régimes d’assurance-maladie privés – dont bénéficient quatre Canadiens sur cinq – paient également pour sa couverture. Plus important encore, la couverture médiatique séduit un groupe démographique clé – les femmes – que les libéraux doivent reconquérir. Les derniers sondages montrent que 36 pour cent voteraient pour les conservateurs, contre 26 pour cent pour les libéraux.

Quant au diabète, c’est aussi une question de chiffres. Près de dix pour cent des Canadiens, soit six millions de personnes, souffrent de la maladie, et six millions de plus sont classés comme «prédiabétiques». Les taux sont encore plus élevés chez les personnes âgées (20 pour cent) et les communautés des Premières Nations vivant dans les réserves (17 pour cent). Presque tout le monde connaît une personne diabétique et sait que l’insuline peut sauver la vie.

Mais cela ne signifie pas qu’il faut un régime d’assurance-médicaments universel pour couvrir les personnes qui n’en ont pas les moyens. C’est comme utiliser un bazooka de 27 milliards de dollars pour tuer une mouche. Une étude publiée la semaine dernière par l’Institut économique de Montréal a révélé que seulement 2,8 pour cent des Canadiens n’ont actuellement aucune assurance-médicaments. Vingt-cinq millions de personnes disposent d’une assurance privée, et les régimes provinciaux en place subventionnent ou couvrent une multitude de médicaments pour les personnes qui n’en ont pas, y compris les patients à faible revenu et les personnes âgées.

L’étude a également confirmé qu’imposer un régime d’assurance médicaments universel à payeur unique mettrait en péril la qualité de la couverture pour au moins 21,5 millions de personnes. En effet, un modèle à payeur unique ne financerait pas de nombreux médicaments actuellement couverts par les régimes privés, y compris les médicaments innovants.

D’après l’expérience de pays comme la Nouvelle-Zélande, les médicaments de pointe ne seront plus du tout introduits sur le marché canadien, car un régime universel les jugerait trop coûteux. Un rapport de 2019 commandé par Medicines New Zealand a classé le pays au dernier rang en termes d’accès aux médicaments et d’investissement pharmaceutique parmi 20 pays de l’OCDE. Sur 304 médicaments introduits entre 2011 et 2017, la Nouvelle-Zélande n’en a financé que 17. Les thérapies anticancéreuses qui sauvent des vies et d’autres médicaments innovants sont devenus indisponibles.

En d’autres termes, un régime national d’assurance-médicaments à payeur unique condamnera les Canadiens aux mêmes problèmes que le régime national d’assurance-maladie à payeur unique: manque de choix, rationnement des soins et de bien pires conséquences. Au lieu de conserver ce qui fonctionne et de réparer ce qui ne fonctionne pas, le NPD a choisi de marquer des points politiques, et les libéraux se sont achetés une autre année au pouvoir.

Félicitations donc à l’Alberta et au Québec pour s’être levés et s’être retirés. Espérons que d’autres provinces se joindront à elles et dénonceront cet accord pour ce qu’il est: un jeu politique qui laisse les patients dans l’impasse.

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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