L'utopie multiculturelle du Canada est désormais une usine à griefs balkanisée

Le Canada est devenu une nation de diasporas. Plutôt que de nous envelopper dans un drapeau commun, nous nous regroupons dans nos enclaves: musulmans, sikhs, hindous, juifs, chinois, noirs et la liste est longue. La foi, la couleur et le pays d’origine divisent la nation. Tout le monde est l’«autre» et, de plus en plus, l’ennemi. Les violences et les actes de haine se multiplient dans nos rues.Dans un pays bâti par l’immigration, ce n’est malheureusement pas un phénomène nouveau. En 1878, Toronto a interdit le défilé de la Saint-Patrick pendant 110 ans après que des rivalités entre Irlandais catholiques et protestants eurent transformé l’événement en «l’une des nuits les plus folles de l’histoire de la ville». En 1914, de violentes manifestations ont empêché l'accostage à Vancouver du Komagata Maru, un navire transportant des migrants sud-asiatiques considérés comme une menace par la population locale. En 1970, les terroristes du Front de libération du Québec ont assassiné le ministre provincial Pierre Laporte dans leur lutte contre la domination anglophone au Québec.En 2023, cependant, un nouveau problème apparaît: l’importation au Canada de conflits géopolitiques plus vastes. Les manifestants pro-palestiniens exigent ouvertement le boycott des entreprises juives et appellent à l’éradication d’Israël. Les élites canadiennes idéologiquement conquises répètent la propagande du Parti communiste chinois (PCC), alors qu’il intimide sa propre diaspora sur notre sol. Les séparatistes sikhs de Colombie-Britannique organisent des référendums sur l'indépendance du Khalistan et l'Inde est accusée d'avoir assassiné l'un de leurs organisateurs dans le stationnement de son gurdwara.Le Canada est devenu une usine à griefs balkanisée et nous en payons tous le prix. Il n’est pas nécessaire d’être un juif terrifié pour installer une mezouza sur sa porte, ni un Canadien d’origine chinoise intimidé lors d’un scrutin ou un enfant hindou intimidé par des enfants sikhs dans la cour de récréation. Au lieu de s’unir autour des droits de la personne et de s’opposer aux discours haineux, la société canadienne autorise toutes sortes d’agressions au nom de la lutte contre les «privilèges» et se déchire elle-même dans le processus.Comment en est-on arrivés là? Premièrement, les politiques de multiculturalisme de Pierre Elliott Trudeau dans les années 1970, sanctionnées par l’État, encourageaient les nouveaux arrivants à conserver leur culture d’origine plutôt que d’en construire une commune. Les politiciens ont adoré: pendant des décennies, ils ont exploité haut la main le soi-disant «vote ethnique» pour courtiser les communautés qui pouvaient faire pencher une ou deux circonscriptions en leur faveur. En même temps, ils ont fermé les yeux sur l’exploitation de ces communautés par des puissances étrangères, notamment la Chine, comme nous l’avons appris l’année dernière.Après 2000, un autre facteur a alimenté davantage de divisions: la montée des politiques identitaires à l’échelle mondiale. Il ne suffisait plus de se qualifier de Canadien, ni même de Canadien avec un trait d'union; vous avez été encouragés à vous définir selon les catégories privilégiées/non privilégiées, blanches/non-blanches, genrées/genres fluides, colonisateurs/autochtones et une foule d’autres caractéristiques personnelles imaginées dans les couloirs des universités. Des experts diplômés d’études supérieures ont encouragé cette pratique au nom de l’équité sur le lieu de travail, à l’école et dans l’arène politique – et par crainte d’être cancellé, de perdre son emploi et de subir l’ostracisme social, la plupart des citoyens se sont conformés docilement.Puis vint 2015 et la tentative de réconciliation autochtone du gouvernement fédéral actuel. Plutôt que de se concentrer sur la création d’opportunités économiques pour l’avenir, cette réconciliation s’attarde à faire honte aux Canadiens pour les torts du passé, même si la majeure partie de la population d’aujourd’hui n’a rien à voir avec la colonisation du Canada d’il y a des centaines d’années. Pire encore, les nouveaux arrivants sont encouragés à s'identifier comme les «autres» dans ce sens: les immigrants blancs sont regroupés avec les colonisateurs, tandis que les immigrants de couleur sont considérés comme des opprimés et donc des alliés des peuples autochtones du Canada, qu'ils aient ou non, ironiquement, opprimé d'autres groupes dans leur propre pays d'origine.Le résultat est une nation balkanisée sur la base de mille et une lignes de fracture. Nous avons non seulement perdu notre identité nationale, mais nous rejetons activement ce qui a attiré les gens vers nos côtes: le respect de la paix et du bon gouvernement, des droits de l’homme, de la démocratie, de l’égalité des chances et de la liberté personnelle. Nous abîmons du même coup notre stature internationale: un pays si peu sûr de lui n’inspire aucun respect et est encore plus vulnérable aux caprices des grandes puissances.Dans un monde de plus en plus hostile, c’est un risque que le Canada ne peut pas se permettre de prendre. Unis, nous prospérons; divisés nous tombons. Et l’atterrissage menace d’être brutal.Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

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Nous avons dit que nous n'oublierions jamais, mais la génération Z n'a rien à retenir

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Canada's multicultural utopia now a balkanized grievance factory